"L’hiver a toujours été ma saison favorite. Sommes-nous déjà en hiver ? Je ne sais pas. Il existe une définition technique qui repose sur les calendriers et la position du soleil, mais je crois que lorsque les saisons s’écoulent et changent inexorablement, on s’en rend compte, tout simplement ; je crois que l’animal en nous perçoit l’odeur de l’hiver."
En arrière plan de l'intrigue les combats font rage et la troupe va essuyer de lourdes pertes humaines. Rapidement le narrateur nous fait part de sa certitude quand à la mort prochaine, inévitable, de l'ensemble des hommes qui le retiennent enfermé. Cette confidence funeste vient transformer la perception qu'à le lecteur des soldats, ces derniers deviennent des morts en sursis et le château semble bientôt n'être peuplé que de spectres, de vivants morts.
Le lecteur est introduit dans l'intrigue par un effet littéraire astucieux : le narrateur s'adresse systématique à sa compagne qui apparait comme particulièrement taiseuse sous sa plume. Identifié à ce personnage passif, faible et qui semble ne faire que subir les conséquences de l'affrontement avec le Lieutenant, affrontement dont elle est en partie l'enjeu, le lecteur observe impuissant le déroulement de l'intrigue qui s'enfonce peu à peu dans l'horreur.
Un chant de pierre est un roman constamment sur la corde raide qui emprunte le sadisme élégant du roman gothique, évoque l'affrontement à mort du La Chair et le Sang de Verhoeven et impressionne son lecteur autant qu'il le déstabilise par sa description radicale des horreurs de la guerre. Une très bonne découverte.
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